Deux mois après la disparition du petit Émile, la vie dans ce havre des
Alpes provençales a été bouleversée, mais la situation reste inchangée.
Dans l'esprit de tous, la petite fleur jaune qu'Émile portait derrière
l'oreille n'a pas flétri, et le sourire malicieux qu'il arbore sur la
célèbre photo demeure intact. Pour que cela change, il faudrait que
l'enfant soit retrouvé, que la vérité sur ce qui lui est arrivé éclate
enfin.
Non, depuis cette maudite journée du 8 juillet, rien n'a
évolué. "Nous avions nos doutes quant au fait qu'il se soit perdu seul
dans la forêt, maintenant nous en sommes sûrs", déclare un autre
résident. Pierre, qui charge actuellement du matériel de chantier dans
sa camionnette, ajoute : "C'est triste à dire, mais peut-être que nous
obtiendrons des informations en allant aux champignons ou à la chasse.
Dans tous les cas, nous sommes tous conscients que l'enfant ne s'est pas
simplement égaré."
Une rumeur circule également selon laquelle
un climat de suspicion généralisée se serait installé au Vernet au fil
des semaines. Interrogé à ce sujet, Pierre laisse tomber la grande
planche qu'il s'apprêtait à faire entrer dans sa maison et s'exclame :
"Des bêtises ! Encore un fantasme de certains journalistes. Moi, je
viens tous les week-ends depuis Aix-en-Provence, et je n'ai de problème
avec personne. Ce soir, je vais chez Paulette en face, demain chez Gigi
au moulin, et tout se passe très bien. Bien sûr, nous ne sommes pas
constamment les uns sur les autres, et alors ?"
Le quinquagénaire
exprime son étonnement face à la fréquence des sollicitations des
habitants du Vernet. Il explique : "Il y a quelque chose que personne
n'ose dire, mais il faut le comprendre, les habitants du Vernet ne
communiquent pas avec ceux du Haut-Vernet." Selon lui, il n'y aurait
aucune hostilité entre les résidents du village et ceux du hameau, mais
cette séparation existerait "depuis toujours, sans raison particulière".
Il est clair que le Haut-Vernet semble actuellement quelque peu isolé
du reste de la commune,
en grande partie en raison de l'arrêté
municipal qui continue d'interdire l'accès au hameau à toute personne
n'y résidant pas. Les enquêteurs de la Section de recherches de
Marseille continuent leurs investigations criminelles en coulisses. Des
auditions ont lieu de manière régulière, et de nombreuses données,
notamment celles provenant des téléphones, sont en cours d'analyse.
Quant
aux deux juges d'instruction, ils maintiennent leur politique de
communication minimale, afin de ne pas compromettre les avancées de
l'enquête. À l'heure actuelle, bien que l'enquête ne soit pas au point
mort, on ne peut pas affirmer qu'elle ait atteint une phase
d'accélération significative.
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